Le Musée d’Art Moderne de Paris nous ouvrait ses portes le samedi 20 mai de 18h à minuit dans le cadre de la nuit européenne des musées 2017. Pour l’occasion, le lieu et le centre culturel Hip Hop La Place, décidaient de mettre la joaillerie Hip Hop à l’honneur en proposant des performances artistiques scénographiées par la réalisatrice Leïla Sy, avec les danseurs Hip Hop de la compagnie Philippe Almeida et les bijoux d’Anjuna. Plongée dans les coulisses d’un événement où la culture Hip Hop était au centre de toute l’attention.
19h30. Nous arrivons au Musée d’Art Moderne de Paris pour y découvrir l’exposition “MEDUSA, bijoux et tabous” qui s’y déroule du 19 mai au 5 novembre 2017.
Imaginée par la commissaire Anne Dressen, l’exposition réunit plus de 400 bijoux réalisés par des artistes, des designers, des bijoutiers contemporains et des anonymes. De Salvador Dali à Cartier en passant par des pièces anciennes et non-occidentales, le MAM célèbre donc les bijoux dans toute leur complexité et c’est justement ce qu’Anne Dressen souhaitait proposer : “On voulait parler d’identité, de valeurs, de corps et de rite. le but était aussi de révéler le bijoux masculin et un maximum de cultures comme pour la performance de ce soir, avec la culture urbaine mise à l’honneur et un groupe de danseurs hétéroclite.”
“Le Hip Hop n’est pas une culture fermée”
Après avoir mangé des yeux le gant serti de diamants si souvent porté de Michael Jackson, nous nous rendons en backstage pour rencontrer Leïla Sy, la réalisatrice prisée dans le milieu Hip Hop et la créatrice Anjuna Bijoux. Au milieu des danseurs qui se préparent avant la performance et de la mariée Medusa au corps d’or – mariée qui n’est autre que la danseuse Antoinette Gomis – les deux femmes nous expliquent l’importance que représente l’arrivée de la culture urbaine dans un lieu comme le MAM.

Leïla Sy, réalisatrice
“On voulait montrer que la culture très contemporaine qu’est le Hip Hop n’est pas une culture fermée et tournée sur elle-même mais qu’elle a la main tendue vers d’autres lieux et d’autres espaces. L’idée c’était de révéler à travers le Hip Hop notre savoir faire qui comprend 4 à 5 grandes disciplines que l’on connait, ainsi que des artisans comme Anjuna Bijoux qui réalise des pièces incroyables.” explique la réalisatrice Leïla Sy.
La créatrice Anjuna Bijoux qui travaille toutes ses pièces à la main dans une démarche spirituelle et d’hommage aux lettrage du tag, ajoute “Le Hip Hop n’est plus une sous-culture. C’est toujours une culture des rues mais aujourd’hui on a aussi notre place au Musée d’Art Moderne de Paris. C’est un aboutissement pour moi. Faire un événement jumelé avec La Place, lieu dédié au Hip Hop à Paris, c’est juste énorme.”
Un travail de femmes
20h30. La performance commence dans le hall d’entrée du MAM. Tous les regards sont rivés vers les grands escaliers où les danseurs tout de blanc vêtus font leur entrée. Leurs corps en mouvement font la part belle aux bijoux d’Anjuna qu’ils portent et qui sont également projetés sur les surfaces blanches qu’ils placent stratégiquement dans l’espace. La méduse au corps recouvert d’or arrive pour le final et coupe le souffle des spectateurs par l’intensité de son regard et la vivacité de ses mouvements.
Cette performance est aussi un travail de femmes. Dans un milieu encore trop décrié comme masculin, l’alliance de Leïla Sy, d’Anjuna Bijoux, et pas que, représente une manière de véhiculer par elles-mêmes, les valeurs inculquées par le mouvement Hip Hop.
“Je suis une femme, je suis noire, je rempli pleins de quotas. Mais la réalité c’est que j’en suis très fière et j’ai compris aujourd’hui que c’était un plus et non pas un problème. Pénélope Richard (chargée de production) avec laquelle j’ai travaillé sur cette chorégraphie m’a accompagnée au Bercy et au Zénith de Kery James. Il y a des gens avec qui ça match tout de suite et je connais Anjuna depuis des années. On fait partie d’une grande famille.” raconte Leïla Sy.
“On est nos propres actrices. Nous sommes à même de pouvoir bien en parler de cette culture. On a déjà fait ce qu’on avait à faire dans la street. Maintenant on a un autre challenge.” ajoute Anjuna Bijoux.
Leïla Sy, réalisatrice et activiste
Les performances s’enchaînent tout au long de la soirée. “Quatre représentations pour que ce soit accessible et vu par le plus grand nombre” nous explique la créatrice de bijoux.
Lorsque nous sommes prêts à partir et que nous demandons un dernier mot aux deux femmes, Leïla Sy qui porte aussi une casquette d’activiste, partage quelques mots inspirants et raconte son étonnement suite à sa nomination dans le GIP pour la Fondation de la mémoire de l’esclavage :
“Je suis passionnée dans tout ce que je fais. J’ai la chance d’avoir un métier qui combine le fait de gagner de l’argent et se faire plaisir. C’est possible. Ce GIP, et cette futur Fondation, c’est comme une récompense. Et je pensais qu’ils s’étaient trompés ! Mais c’est un honneur incommensurable. De plus, je vais réaliser mon 1er long métrage écrit par Kery James à la rentrée. J’en suis honorablement fière et c’est le rêve de ma vie qui se réalise. Je le répète, c’est possible !”
Toute l’actulité de Leïla Sy sur instagram @Lalasy1
Retrouvez les bijoux d’Anjuna Bijoux à la librairie du MAM jusqu’au 5 novembre. Toute son actualité sur instagram.
Chorégraphe : Philippe Almeida (alias Physs)
Danseurs : Sarah, Kevin, Arnaud, Eddy (de Mouvmatik) et Linna et Antoinette Gomis
Make Up Artist et coiffure : Nadden Mateky et les élèves de l’école de maquillage AVANT SCÈNE
Stylisme : Yasmine Akkaz
Photos : Anna Tjé et Marie-Claire Saille