Chaque semaine, nous vous emmenons avec nous faire un bond dans le passé, nous vous retraçons en effet l’histoire d’un sujet bien particulier. Cette semaine, TRACE a décidé d’aller sur les traces de ces artistes américains qui ont lancé et même popularisé un style musical.
En tant que fan de Hip Hop, nous avons tous assisté à la mutation du genre au cours des années, avec des rythmes et des sonorités différentes propres à chaque ville et régions des Etats-Unis. Ces mutations ont donné lieu à ce qu’on appelle des sous-genres du Hip Hop, je parle de ces styles connus sous les noms de Hyphy, Drill, Crunk ou encore Trap. Saviez-vous que ces styles musicaux popularisés aux Etats-Unis ont été lancés par des artistes ? Maintenant, reste à savoir lesquels.
Allons ensemble sur les TRACES de ces artistes US qui ont lancé et popularisé un style musical.
1. Le Crunk, lancé par le groupe Three 6 Mafia, popularisé par Lil’ Jon
Le Crunk, est apparu pour la première fois à Memphis dans le Tennessee dans les années 1990 grâce au groupe Three Six Mafia. De manière générale, les morceaux de Crunk se composent d’instruments tels que des boites à rythmes, des synthétiseurs, de lourdes basses, et des voix robotiques. Le mot “crunk” est aussi utilisé pour décrire un mouvement provenant de ce qu’on appelle le “Dirty South“.
Originellement, le terme est apparu pour la première fois en 1972, mais a reçu réelle une signification que plus tard, dans les années 1980 dans les boîtes de nuit d’Atlanta, en Géorgie, et signifie “plein d’énergie” ou “hyper-excité”. Au milieu des années 1990, le crunk est défini d’une manière variée comme « excitant » ou « cool ». Le magazine Rolling Stone est l’auteur d’un « dictionnaire de l’argot Dirty South », dans lequel to crunk est définit comme “s’exciter”. Techniquement, OutKast est considéré comme l’un des tout premiers groupe à utiliser ce terme dans leur musique, mais la Three Six Mafia n’utilise pas seulement le terme, il créé le mouvement, notamment avec leur morceau “Get Em Crunk“.
Cependant le rappeur d’Atlanta Lil Jon popularise réellement ce style musical en 1997 avec son projet “Get Crunk, Who U Wit: Da Album“. Le terme continue à évoluer, et devient mal perçu par les autorités, les parents et la presse, cette dernière publie d’ailleurs plusieurs articles dans lesquels le “crunk” devient synonyme de criminel “dangereux et alcoolique”. Lil Jon,véritable pionnier du crunk explique que le genre est apparu lorsqu’il a décidé de mélanger Hip Hop et electro avec des genres dance comme la house et la techno.
En 1997, à Atlanta, Lil Jon, et son groupe The East Side Boyz, font paraître leur album Get Crunk, Who U Wit: Da Album, cet album étant le premier des six albums publié par Lil Jon et The East Side Boyz. Lil Jon explique avoir utilisé le mot “crunk” pour mieux attirer l’attention. Au début et au milieu des années 2000, certains hits de crunk comme Get Low, Goodies, et Freek-a-Leek produits par Lil Jon atteignent le top 10 du Billboard Hot 100. Ses titres “Yeah!” et “Goodies” sont les premiers à populariser le sous-genre du crunk et du R&B contemporain, appelé crunk’n b. Ces deux chansons (composées avec Usher et Ciara, respectivement) sont les premiers hits en 2004. Lil Jon, a par la suite montré la voie à d’autres artistes comme les Ying Yang Twins, Bone Crusher, Lil Scrappy et Pastor Troy d’Atlanta, mais aussi David Banner du Mississippi qui ont également aidé à la popularisation du genre.
2. La Trap, lancée par UGK et Three 6 Mafia, popularisée par Gucci Mane et Young Jeezy entre autres
La trap, provenant du courant Dirty South, ce style musical est apparu au début des années 2000 et se caractérise par ses paroles, ses rythmiques et ses productions particulières qui comportent des boites à rythmes, des séquenceurs, des synthétiseurs, des claviers et des grosses caisses issues de la légendaire boite à rythmes MPC Roland TR-808.
L’appellation “trap” est initialement utilisée pour désigner les lieux où se pratiquaient les trafics de drogue. Les fans et les critiques commencent à qualifier ces rappeurs, dont les textes avaient pour sujet principal le trafic de drogue, de “rappeurs trap”. Dans le magazine Complex, le journaliste David Drake écrit : “La trap, au début des années 2000, n’était pas un style mais une référence réelle aux lieux de trafic”, et le terme est adopté plus tard pour décrire un genre de musique pratiqué dans ces endroits.
Des groupes comme UGK et Three 6 Mafia sont parmi les premiers rappeurs à introduire la musique trap. Les paroles reprennent des thèmes bien précis sur la vie dans le ghetto, le trafic de drogue et la lutte pour le succès. Les héritiers de ce genre aux Etats-Unis, sont des rappeurs tels que T.I., Gucci Mane et Young Jeezy, qui ont popularisé ce style dans le début des années 2000. L’album de T.I, “Trap Muzik” sorti en 2003 a été un modèle du genre, il a d’ailleurs été certifié disque de platine en 2007. Parmi les premiers producteurs de trap, nous retrouvons Drumma Boy, Shawty Redd, Zaytoven ou encore DJ Toomp.
Depuis les années 2010, la trap est de plus en plus reconnue dans le monde du Hip Hop, notamment grâce a des beatmakers tels que Lex Luger qui a produit plus de 260 titres entre 2010 et 2011, dont un certain nombre de titres d’artistes célèbres, tels que B.M.F. (Blowin’ Money Fast) et MC Hammer de Rick Ross ; H•A•M et See Me Now de Kanye West ou encore le Hard in da Paint de Waka Flocka Flame. Plus les années passent, et plus ce style évolue et se diversifie, on assiste à la création de styles comme “l’acid-trap”, ou le “trapstep” par exemple.
En France, la trap est souvent confondue avec la drill , dont nous parlerons tout à l’heure. Le style se différencie surtout de la drill au niveau des paroles, du message que les rappeurs font passer et non au niveau des sonorités ou des instrus qui sont sensiblement les mêmes. Quelques beatmakers sont connus pour leurs instrus trap/drill : Therapy, Wealstarr et Richie Beats font partie des plus populaires. Suite au succès de Kaaris, puis de Gradur, la trap connait une émergence en France. Certains rappeurs s’y mettent comme Alonzo, Lacrim ou Booba et de nouveaux rappeurs à succès faisant des millions de vue sur YouTube se font connaître comme Niska et Brulux.
3. La Drill lancée et popularisée par les jeunes rappeurs et producteurs originaires de South Side, à Chicago
La Drill est l’une des facettes les plus importantes du Hip Hop de Chicago , elle est caractérisée par des paroles violentes, sombres et un rythme orienté vers la trap.
La Drill s’est fait connaitre il y a trois ans à peine, avec l’émergence de rappeurs provenant de Chicago tels que Lil Durk, Lil Reese, Fredo Santana ou encore Chief Keef. Lorsque le genre est apparu dans les rues de Chicago, plusieurs journalistes et spécialistes Hip Hop étaient intrigués par la rythmique et par les paroles très crues des rappeurs. Ces interrogations retranscrites à l’écrit ont donné du crédit qu’on le veuille ou non à ce tout nouveau style musical. Malheureusement, très vite, ce style a été associé à tous les incidents qui ont eu lieu à Chicago ces derniers temps. Pour autant, de nombreux major labels signent ces artistes de Drill, le plus connu étant Chief Keef.
Mais de quoi parle la drill ?
La drill se veut porte-parole de la rue à Chicago, elle se concentre essentiellement sur la vie dure que mènent les habitants de cette ville. Attention, rien à voir avec le rap des anciens de Chicago tels que Common ou Twista qui, eux faisaient dans le rap conscient. Les paroles de la drill reflètent typiquement la loi de la rue, et se concentrent sur des thèmes plutôt sombres, nihilistes, réalistes et violents. Les rappeurs qui ont significativement influencé la drill sont Gucci Mane et Waka Flocka Flame.
4. Le Hyphy lancé et popularisé par des artistes comme Keak da Sneak et E-40
Utilisant des boîtes à rythmes, des samples, des basses lourdes et des claviers,ce style musical est apparu pour la première fois en 1994 à Oakland et est associé à la culture urbaine propre à cet endroit. Le son hyphy est caractérisé par des rythmes rugueux et puissants, qui lui valent parfois d’être comparé au crunk. Les rappeurs à l’origine de ce mouvement ont souhaité mettre en avant ce style à San Francisco dans le but de “lutter” contre le rap commercial qui devenait de plus en plus présent dans le pays. Le hyphy est caractérisé par les fêtes improvisées, la danse spontanée, et fait l’objet de tout un jargon appelant notamment à se laisser aller (get stupid, go dumb : faire le con, l’idiot).
De plus, la culture hyphy est aussi souvent associée au sizzurp, une boisson mixant un sirop contre la toux à base de codéine et de Sprite (Chris Brown serait-il un pro-hyphy ?).
Le rappeur E-40 est souvent considéré dans la région de la Baie comme celui qui a ouvert la porte du mouvement sur le reste du monde. La sortie de l’album The Outsider de DJ Shadow, en septembre 2006, a également contribué à la mise en avant de la scène hyphy au niveau national et international. Enfin, des artistes comme Iamsu!, Mac Dre, Mistah F.A.B, ou encore G-Eazy, sont des adeptes de ce mouvement musical.