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Carnaval de Guyane : les différences entre Touloulou et Tololo

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Mais quelles sont les différences entre les Touloulous et les Tololos, des légendes du carnaval guyanais ?

Quand le groupe la Compagnie créole interprétait son titre « Le Bal Masqué », il évoquait l’évènement culturel majeur de la Guyane : le carnaval. Et en chantant “ Derrière mon loup je fais ce qui me plaît, me plaît, devinez, devinez qui je suis… il faisait allusion au personnage traditionnel qu’est le Touloulou. Qu’est-ce qui fait la particularité de ses carnavaliers et qu’en est-il de leur pendant masculins apparus il y a quelques années, les Tololos ?

Les origines du paré-masqué

Le bal paré-masqué aux Antilles-Guyane remonte au début du XIXe siècle et est née durant la période de l’esclavage. La classe bourgeoise y dansait la polka, la mazurka, la valse, la biguine et la classe populaire organisait ses propres bals en mélangeant ses danses à leurs traditionnelles. En Guyane, il s’agissait du kasékò avec des pas très expressifs. En 1848 après l’abolition de l’esclavage, durant les bals Nègre, les esclaves se déguisaient avec de grandes robes. En Guyane, le bal va se centrer autour d’un personnage particulier, devenu mythique du carnaval local : le Touloulou.

Le Touloulou

Le mot Touloulou viendrait de la créolisation du terme « tourloulou » qui désigne de manière péjorative d’un jeune militaire d’infanterie. Il désigne aussi un petit crabe de terre rouge orange. En Guyane, il désigne la reine du carnaval, un personnage anonyme et mystérieux. Déguisement neutre au départ, il représente les femmes bourgeoises endimanchées des XVIIIe et XIXe siècles.

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Flickr @Lolodoc

Il se féminise au début des années 50 et devient  une sorte de diablesse, créature de l’imaginaire créole. Les femmes se déguisent donc intégralement en s’habillant de manière élégante de la tête aux pieds jusqu’au bout des ongles en portant jupes, robes, jupons, cagoule, chapeau, chaussures neuves, loup (masque), perruque et longs gants. Elles ne doivent pas être reconnaissables. Certaines portent même des jupons superposés voire des coussins pour modifier leurs formes, des lentilles colorées, se noircissent le contour des yeux ou changent même de parfum, ou de voix. Le costume doit être différent chaque samedi.

Le touloulou a ses propres codes et fonctionne selon un rituel précis : il ne doit jamais se démasquer, l’homme doit être sous le charme du masque, pas de la femme, c’est lui qui invite les hommes -qui doivent attendre d’être choisis et n’ont pas le droit de refuser- à danser le piké djouk. La femme à le pouvoir !

Les hommes qui attendent trop longtemps sur le côté de la piste seraient les moins bons danseurs ! Ces traditions ont été rigoureusement respectées jusque dans les années 90 avant que naisse la pratique du bal tololo.

Le Tololo

Le concept du bal tololo a été créé en 1988 par des Métropolitains en poste en Guyane, le but étant de prendre leur revanche sur les touloulous. Ceux qui sont laissés sur le banc de touche, peuvent choisir leurs cavalières et danser autant qu’ils veulent !

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Bal Tololo (c) Flickr.com/imazone

Cette fois c’est l’homme qui est déguisé et masqué et qui invite les femmes de son choix qui sont en simples tenues de soirée et démasquées. Eux aussi doivent respecter l’anonymat et pour ne pas être reconnus beaucoup se déguisent parfois en Touloulous.

Les bals Tololo ont lieu ont lieu le vendredi, ceux des Touloulous le samedi.  Comme dans le bal « classique », les cavalières offrent à boire aux Tololos qui les auront bien fait danser. L’anonymat permet d’aller davantage vers les autres.

Aujourd’hui le bal Tololo connaît un engouement populaire de la part des hommes comme des femmes et a désormais intégré la tradition carnavalesque guyanaise. Devenus incontournables, les bals de tololos se multiplient chaque année !


Cet article a initialement été publié sur Blakes.fr